La coupe budgétaire de l’Usaid pour l’aide au développement a sonné le glas de nombreux programmes humanitaires vitaux, notamment dans des régions déjà fortement fragilisées. Les conséquences ont été immédiates et brutales. A cela s’est ajoutée l’annonce des nouveaux droits de douane imposés par l’administration américaine à l’encontre de 185 pays, suspendus depuis, mais pas annulés. 

Cette réduction de l’aide révèle, d’une part, le rapport de dépendance qui structure les relations Nord-Sud et entrave l’émergence de véritables partenariats. D’autre part, elle met en lumière le rôle ambivalent de l’aide, qui, tout en palliant certaines défaillances étatiques, perpétue des logiques d’assistanat. 

Nombreux sont ceux qui voient dans cette coupe budgétaire une opportunité de repenser les mécanismes de solidarité et d’envisager un modèle de développement véritablement endogène. Dans cette perspective, la réponse à cette rupture consisterait à renforcer la coopération Sud-Sud et à promouvoir l’autosuffisance. 

Toutefois, force est de constater que les marges de manœuvre de ces pays demeurent limitées. Asphyxiés par la dette, dépendants des marchés mondiaux, soumis à des règles qu’ils ne maîtrisent pas, absorbés par la gestion de la survie, ils peinent à sortir des modèles imposés et à affirmer pleinement leur souveraineté. Sans une profonde révolution du paradigme du développement, l’aspiration à l’émancipation restera un vœu pieux. 

Or, une telle révolution ne se décrète pas: elle se construit. Elle exige la création d’espaces de protection, de survie et de solidarité. Elle suppose des sacrifices et impose surtout d’apprendre à se passer de l’aide extérieure, non par orgueil, mais par nécessité, afin de jeter les bases d’un développement autonome, enraciné dans les valeurs et les ressources productives locales.