«Il y a quelque chose à trouver dans une pédagogie spirituelle protestante»

Paula Oppliger Mahfouf, catéchète professionnelle dans l’Erguël / ©DR
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Paula Oppliger Mahfouf, catéchète professionnelle dans l’Erguël
©DR

«Il y a quelque chose à trouver dans une pédagogie spirituelle protestante»

Caté
Rétrospective compilée de la catéchèse jurassienne et recueil d’impulsions pour l’avenir, le livre collectif Caté. L’art d’être en chemin vient de paraître à l’OPEC. Rencontre avec la coordinatrice de l’ouvrage.

Quelle est l’ambition de ce livre? 

L’idée est de montrer tous les aspects de la catéchèse, d’avoir un regard «méta» sur ce qui s’est fait et ce qui se fait encore. On a souvent des thématiques fixes, mais on réinvente les activités, avec des équipes différentes. Je pense que dans l’arrondissement jurassien, on a fait preuve de beaucoup d’inventivité. On s’est donné de la peine pour sortir d’une catéchèse professorale et pour s’éloigner d’une pédagogie trop directe ou scolaire. 

Qui sont les intervenants? 

L’ambition était de faire émerger les acteurs et actrices de la catéchèse de notre région. Ce sont des pasteurs, diacres, catéchètes ou même anciens accompagnants. Il y en a quinze, plus les deux responsables des directives caté dans notre arrondissement pour la postface. Certains ont préféré des entretiens avec moi parce qu’ils ou elles manquaient de temps pour rédiger, d’autres ont eu envie d’écrire un article pour développer tel ou tel aspect de la thématique. J’avais envie de mettre en avant les catéchètes professionnels, qui existent dans l’Union synodale BEJUSO, mais pas dans les autres cantons. Je voulais démontrer qu’il y avait d’autres possibilités d’être ministre, puisque les catéchètes sont reconnus comme tels dans le canton de Berne. 

Dans le livre, il y a de nombreuses références à Maurice Baumann et Pierre Paroz, qui ont fait évoluer la catéchèse vers une dimension plus existentielle que doctrinale. Mais la méthode n’attire manifestement plus autant de jeunes… Serait-il temps d’en changer? 

Complètement. J’étais un peu surprise de voir à quel point plusieurs collègues faisaient allusion à Maurice Baumann et Pierre Paroz dans leurs contributions. En fait, je remarque que nous n’avons pas vraiment d’autres références. Mais je constate aussi que la nouvelle catéchèse a déjà une trentaine d’années et qu’on l’a entre-temps beaucoup fait bouger. La catéchèse Paroz-Baumann ne donne plus que les grandes lignes du catéchisme actuel. Cela dit, je ne mets pas en cause ses principes pédagogiques: c’est une catéchèse non frontale qui promeut la liberté de choix pour les jeunes, par exemple se faire baptiser ou non, confirmer ou non… 

Quelles sont les solutions nouvelles que vous proposez pour faire face à la baisse des effectifs de catéchumènes? 

C’est difficile à dire. On a tendance à toujours rester dans le terreau réformé: peut-être devrait-on aller titiller la société civile, pas pour faire de l’évangélisation, mais pour exprimer une identité et rappeler qu’il y a quelque chose à trouver dans une pédagogie spirituelle d’obédience protestante. Une pédagogie qui peut interroger les enfants et les ados, mais aussi les adultes. Il y a aussi un chantier ouvert du côté des 20-60 ans qui ont quitté l’Eglise. Comment se fait-il que les gens se soient éloignés et n’inscrivent plus leurs enfants au catéchisme alors que beaucoup ont un bon souvenir de leur caté? Il faudrait prendre le risque d’aller leur poser des questions et faire des propositions. 

Y a-t-il une approche théologique de la catéchèse actuellement dans l’arrondissement? 

Il n’y a pas vraiment de personne vouée à cette tâche, mais nous avons la Commission de catéchèse, qui est notre tête pensante. Pour les cas particuliers, les pasteurs sont nos référents théologiques. Je souligne que les catéchètes et diacres ont une bonne formation théologique aussi, même si elle n’est pas universitaire. 

Votre ouvrage s’adresse-t-il aussi à un public en dehors de l’arrondissement? 

J’aimerais bien! S’il y a de l’intérêt ailleurs, j’en serais très honorée. Après, on a tendance à être assis devant notre porte, dans nos Eglise réformées. Ce qui est dommage parce que la crise de la catéchèse est le reflet d’une problématique identitaire bien plus large, en particulier chez les chrétiens traditionnels.