«Etre clown, une expérience totalement christique»
Quelle est la relation du clown à la liberté?
PHILIPPE ROUSSEAUX: Le clown est un être radicalement libre et authentique. Il agit sans jugement, avec une grande audace et une grande confiance. Il s’aime tel qu’il est, ne doute jamais de sa légitimité à être lui-même. Il vit dans une liberté totale, car il se sent aimé inconditionnellement. À travers lui, nous apprenons que cette forme d’amour rend l’audace et la liberté d’être soi possibles.
Quel rôle joue-t-il dans la société?
Le clown nous tend un miroir. Par sa liberté, il nous révèle tous nos enfermements. Il déconstruit les conditionnements qui nous emprisonnent, nous figent, y compris les rigidités religieuses. Dans une société où tout est régi par la loi de la performance et les normes, il réintroduit des signes d’humanité, du jeu et de la spontanéité.
Quelle relation y a-t-il entre le clown et le Christ?
Comme le Christ, le clown est souvent rejeté, incompris, mis à l’écart. Il ne rentre pas dans les cases. Sur scène, il chute, se relève, meurt et renaît. Il incarne une expérience totalement christique, une forme de résurrection ludique. Il ose rater, car il joue. Son exemple et sa liberté peuvent nous inspirer. Car dans la vie, s’empêcher de rater, c’est aussi s’empêcher de vivre – et donc d’être heureux.
Quel est l’objectif de cet atelier?
Il s’agit de créer un espace de jeu où peut émerger cette liberté joyeuse, propre à ceux qui se sentent aimés sans condition. À travers des jeux impossibles à réussir, on vit une expérience profondément incarnée. L’échec partagé devient source de rire, de solidarité et de lien.
Que peut-on tirer d’une telle expérience?
Un stage de clown est un vrai travail de libération. Il nous apprend à respirer par nous-mêmes, à échouer sans honte et à «creuser» en quelque sorte notre expérience humaine. Il nous rappelle qu’il vaut mieux être vivant que présentable. Chacun, selon ses capacités, ses aptitudes, son caractère, peut s’y exprimer de façon unique. C’est une expérience qui, souvent, se révèle bouleversante.
Vous êtes «clown par foi». Qu’est-ce que cela signifie?
J’ai commencé la formation de clown avant de devenir chrétien. Lorsque je me suis converti, à l’âge de 33 ans, j’ai d’abord arrêté cette profession. Puis je suis devenu clown par foi. C’est pour moi le meilleur moyen de comprendre ce qu’est la foi et de la transmettre.
Vous proposez aussi un spectacle, de quoi parle-t-il?
Le spectacle Rien à faire présente un clown qui vit et qui nous montre, de manière poétique et drôle, à quel point il est incroyable de vivre, mais également terrifiant de mourir. Le clown nous invite à interroger les grandes questions de la vie sans nous prendre la tête, mais en nous tenant les côtes.
Côté pratique
Sa 8 novembre, Maison de paroisse de Saint-Gervais, 1201 Genève, salle Trocmé (rue Jean-Dassier 11). 14h: atelier d’initiation au clown. 20h, et di 9 nov, 17h, spectacle pour adultes Rien à faire dans le cadre du projet Liberté 2025-2026. Avec Philippe Rousseaux, comédien, clown, bibliste, théologien. Entrée gratuite, chapeau à la sortie.
Plus d’informations sur www.clownparfoi.fr et www.philippe-rousseaux-spectacles.fr.






